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Sang contaminé : l'autre scandale

de Marie-Ange Poyet - 2013 - Documentaire - 52'

Résumé
Au milieu des années 80, le scandale du "sang contaminé" éclate. A cause de transfusions réalisées avec des produits infectés, des centaines de personnes contractent le sida. L'affaire éclabousse médecins et responsables politiques. Alors que la polémique enfle en France, le drame se poursuit silencieusement à l'étranger. Une grande quantité de lots contaminés sont livrés en Tunisie, en Libye, en Grèce, au Portugal et en Argentine, où de nouvelles victimes apparaissent. L'affaire refait aujourd'hui surface : des centaines de personnes demandent réparation après la mort de leurs proches. Enquête sur les dessous du scandale.

Production : Canal +, Lundi Investigation, Al Jazeera , Bellota Films

La critique TV de Télérama du 28/09/2013
C'est une histoire gigogne. Celle d'un scandale sanitaire français qui a éclipsé, des années durant, ses victimes irakiennes, tunisiennes, grecques ou libyennes. Car si l'affaire du sang contaminé a ébranlé l'Hexagone dans les années 1990, son versant international a bénéficié, comment dire, d'une véritable discrétion... Tandis qu'en novembre 1985 le ministère de la Santé interdit, tardivement, la commercialisation des poches de sang non chauffées — qui a causé la contamination de milliers de personnes par le sida —, son exportation continue jusqu'en février 1986. Aux manettes de ce lucratif commerce qui visait à écouler des stocks de sang prélevé dans des milieux à risque ou des pays aux standards de contrôle « relâchés », un laboratoire privé, l'Institut Mérieux. « Les pays destinataires n'avaient pas d'exigence sur la qualité des produits fournis », osera déclarer son pharmacien en chef. Alors pourquoi se gêner ?
En Irak, les cinq fils hémophiles contaminés d'Oum et Abou Walid Jabar seront appréhendés par la police, regroupés avec les autres malades VIH dans des établissements de Bagdad ou déportés dans des prisons reconverties à la hâte. Dans l'Irak de Saddam, le sida est tabou, ses porteurs considérés comme des criminels. Si la Tunisie de Ben Ali choisit de ne pas porter plainte, cent vingt procédures émanant d'Irak ou de Libye sont lancées. Aucune n'a abouti. Prescription des procédures, absence de saisissement du dossier par un juge, pressions sordides sur les proches... ces victimes lointaines et pauvres n'ont droit ni à la reconnaissance ni à l'indemnisation. Il faut entendre Abou Walid raconter la négociation avec Sanofi, qui a racheté Mérieux : "I nous ont proposé des sommes insignifiantes. Et ont menacé de bloquer les vaccins à destination de l'Irak si on faisait trop de bruit." Fermez le ban ! — Marie Cailletet

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